Ou la triste histoire d’une employée de McDo …
La scène se passe le 9 avril 2004 dans un McDo du Kentucky. Là travaille une gentille jeune fille de 18 ans ; Louise Ogborn. Elle fait ça en plus de ses études pour aider financièrement sa famille, qui est dans le besoin.
Ce jour-là, elle devait partir à midi mais un employé étant malade, sa chef lui demande de rester – et comme elle est serviable, elle accepte.
En fin d’après-midi, la responsable, Donna Summers, reçoit un coup de fil d’un homme qui se dit policier, l’informant qu’une cliente a porté plainte car on lui a volé son sac, et qu’il est en contact avec un haut dirigeant de Mc Do.
Il lui dit que, grâce aux caméras, on sait qui l’a volé ; une serveuse de race blanche aux cheveux bruns. La description est suffisamment vague pour qu’il y ait une chance que cela corresponde à une employée – & là, ça tombe sur Louise.
Le soi-disant agent Scott affirme être trop occupé pour venir arrêter la voleuse & la fouiller, & demande donc à Mme Summers de s’en charger.
Celle-ci va chercher Louise, l’amène dans son bureau, ferme la porte & lui demande de se déshabiller. Donc, dans un 1er temps, Louise se retrouve en sous-vêtements, & finalement, toute nue. Elle trouve heureusement un tablier pour couvrir sa nudité.
Un autre employé du magasin est présent comme témoin durant la fouille. Mais il part bientôt et comme Madame Summers doit aussi retourner dans le restaurant, le faux agent lui demande de confier l’affaire à un homme de confiance qui surveillera Louise & l’empêchera de s’enfuir.
Mme Summers confie la tâche à un employé, Jason. Le faux flic demande à celui-ci d’ôter le tablier et de lui décrire le corps de Louise, mais Jason refuse & part.
Donna fait alors venir son fiancé, Walter Nix, pour surveiller Louise. Ce dernier n’a pas les scrupules de Jason & suivra les directives données au téléphone par le faux agent Scott.
Nix arrache donc le tablier & décrit le corps de la jeune fille au « policier », puis il lui ordonne de danser & de sauter pour prouver qu’elle ne cache rien sur elle (ou plutôt, en elle). Il approfondit ensuite l’examen en insérant les doigts dans le vagin de Louise, pour retrouver le sac volé ( !).
Trop heureux « d’obéir à la Loi » en suivant à la lettre les ordres du soi-disant policier, Nix exige de la pauvre fille qu’elle l’embrasse et comme elle refuse, il lui donne une fessée, jusqu’à ce qu’elle cède. Puis, toujours selon les ordres du policier, il la force à lui faire une fellation en guise de punition.
L’ordure au bout du fil devait bien s’amuser – comme ce brave Walter Nix, du reste, et comme la chef Summers, qui a pu donner libre cours à ses instincts sadiques … Elle ne faisait rien de mal, puisque « la coupable » était une voleuse & une trafiquante qui méritait ce qui lui arrivait. Et elle, Donna, était juste une bonne citoyenne !
Ceci rappelle les nazis au procès de Nuremberg, qui « n’ont fait que suivre les ordres », ou les cobayes dans l’expérience de Milgram, qui n’ont pas hésité à infliger des chocs électriques (jusqu’à des doses létales) à des inconnus, juste parce qu’un gars en blouse blanche le leur avait demandé !
Car elle est venue plusieurs fois dans la pièce & « n’a rien vu de suspect » ( !) & Louise la suppliait de la laisser sortir, mais la garce, vrai capo de camp de concentration, a ignoré la jeune fille – qui sanglotait & était clairement en état de choc suite aux abus subis. Bonjour les sentiments humains !
Nix aurait bien continué à « aider la Loi » d’une aussi agréable façon, mais il devait se rendre au travail. L’arnaqueur au téléphone lui dit de trouver un autre homme pour le remplacer & continuer la soi-disant enquête.
Donna Summers demande alors à l’employé de maintenance, Thomas, de surveiller la jeune fille, mais celui-ci refuse d’obéir à ses ordres déments. Dans un sens, c’est bien, mais d’un autre côté, il retourne juste à son boulot dans le restaurant & ne fait rien non plus pour stopper le calvaire de Louise en alertant les autorités.
Finalement, la chef Summers se pose des questions et appelle sa directrice, laquelle lui dit qu’elle n’a pas reçu de plainte pour vol & qu’elle n’est pas en contact avec la police. Bien entendu, à ce moment, le faux policier raccroche.
Le calvaire de Louise a duré 3 heures et demi. Conduite à l’hôpital, elle a dû, par la suite, suivre une thérapie pour des troubles de stress post-traumatique.
La police (la vraie !) a alors commencé une enquête, qui a mené à l’arrestation d’un gars nommé David Stewart.
Donna Summers a été licenciée par McDonald car elle avait contrevenu au règlement de la firme, qui stipule qu’il est interdit de fouiller des employés ou de faire entrer des personnes externes dans le bureau, & la Justice l’a condamnée à faire 1 an de prison, mais avec sursis ( !).
Cette dame a ensuite attaqué McDo en justice & a empoché 400.000 $ ( !), car la firme avait déjà souvent fait l’objet de ce genre de canulars mais n’avait pas jugé bon d’en avertir qui que ce soit.
Louise Ogborn les a aussi attaqués en justice ; elle devait toucher 6,1 millions $, mais McDo a fait appel et comme c’est une firme puissante, la somme a été ramenée à 1,1 million $.
Walter Nix a été condamné à 5 ans de prison pour abus sexuels (dont il n’a fait que 2 ans pour cause de bonne conduite !).
Quant à l’ordure qui a manigancé toute l’affaire, il est resté libre car on n’a trouvé de preuve déterminante de sa culpabilité ( !).
On se demande comment ça se fait, puisqu’il fut démontré que ce David Stewart était obsédé par l’état de policier ; il avait tenté de nombreuses fois (en vain) de s’engager dans la police & avait suivi des stages en ce domaine, en sorte qu’il connaissait parfaitement la terminologie employée dans ce métier.
En outre, l’appel au McDo venait d’une cabine dans un supermarché de Floride, tout près de chez lui, et des cartes utilisées pour ces canulars (car il en avait fait beaucoup) furent retrouvées à son domicile !
En outre, il était un télévendeur habitué aux appels téléphoniques. Enfin, dès qu’on l’a arrêté, les canulars ont cessé aussi.
Bien sûr, dans cette affaire, tout le monde a manqué de sens commun, mais ici, ce défaut a conduit à des comportements sadiques. La caution de l’autorité a donné à des gens apparemment normaux l’autorisation de maltraiter un être sans défense, & de le faire en toute bonne conscience !
On croit ce qui nous arrange, selon notre caractère ; l’état de notre âme conditionne ce à quoi on va croire, & donc, comment on va agir …
Il est logique qu’une jeune fille innocente & en position subalterne ait agi comme elle l’a fait, mais pas des adultes !
En fait, ça les arrangeait de croire à cette histoire loufoque d’enquête, de fouille au corps & de punitions sexuelles ! Libres de laisser libre cours à leurs tendances profondes, voilà comment tous ces gens ont agi !
On juge du caractère d’un individu en lui donnant du pouvoir – car c’est là (ou alors quand on est sous pression) que la vraie nature de quelqu’un ressort -> tous les protagonistes se sont montrés dans toute leur crasse mentale & morale !
L’expérience de Stanford de 1971 a aussi montré avec quelle facilité les gens se coulent dans un rôle qu’on leur assigne.
Non seulement aucun n’a eu le bon sens de mettre en question les ordres saugrenus & toxiques de l’ordure au bout du fil, mais aucun de s’est laissé attendrir … Aucune empathie de leur part envers une jeune fille !
Cette asocialité semble devenir générale – cf le meurtre dans un magasin Lululemon, où les employés du magasin Apple d’à côté ont entendu les crises de rage de la tueuse, les cris de douleur & les supplications de la victime, et qui pourtant, n’ont rien fait pour aller aider cette dernière ou appeler les secours …
Walter Wix a reconnu avoir fait quelque chose de mal, mais la chef Summers fait peur ; cette personne lambda, paraissant normale & bien intégrée, n’accepte AUCUNE RESPONSABILITE pour les atrocités qu’elle a commises ; quand on la confronte à ses actes, elle répète qu’elle croyait vraiment que le gars était un policier – ce qui, dans sa vision des choses, la dédouane de tout ce qu’elle a pu commettre !
La vie en société EXIGE une certaine solidarité & empathie, mais hélas, beaucoup de gens vivent en profitant de tous les avantages de la vie en société, sans avoir les qualités qui les en rendent dignes ; tels des sangsues, ils ne font que profiter du bon, sans payer le prix correspondant … Une fois de plus, on voit que tout mal est un vol !
Et que penser du comportement des employés témoins ? Ils étaient assez moraux que pour refuser de maltraiter la victime, mais pas assez pour alerter la police – ceux-là voulaient rester neutres … Mais la neutralité ne suffit pas quand quelqu’un est se fait violenter ; laisser s’accomplir le mal sans réagir, c’est en être complice !
Comme dit le proverbe : Si tu ne fais pas partie de la solution, alors, tu fais partie du problème !
Si ces témoins ne furent pas poursuivis pour non-assistance à personne en danger, c’est parce que cette notion n’existe pas en droit américain ; là, il n’y a pas d’obligation de porter secours, sauf en cas d’obligation antérieure (médecin traitant, relation parent-enfant) ou si la personne est responsable de l’état de la victime.
Ces employés neutres n’ont donc fait que suivre strictement la loi, & rien de plus ; eux aussi manquent d’empathie !
Certains accusent la victime, disant qu’elle aurait dû refuser d’obéir – mais quand on est une ado douce & gentille, on est éduquée au respect de l’autorité – à ne pas mettre en question les ordres reçus d’un adulte ou d’un supérieur, et on ne peut imaginer que d’autres soient mauvais ou sadiques et nous demandent des choses pour se faire du bien à nos dépens !
Aussi, sa chef, Donna Summers, avait confisqué ses vêtements & ses clés, en sorte qu’elle ne voulait pas s’infliger d’humiliation ou de danger supplémentaire en sortant nue dans la rue.
Ce cas nous rappelle qu’il faut toujours garder son bon sens (mais bien peu de gens en ont) & ne pas obéir aveuglément aux ordres d’une autorité, quelle qu’elle soit …