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Anecdotes antiques

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Mes anecdotes grecques & romaines préférées (de Plutarque)

Un jour que le roi Darius (père de Xerxès) avait ouvert une grenade devant ses courtisans, l’un d’eux lui demanda ce qu’il voudrait avoir en aussi grande quantité qu’il y avait de grains dans cette grenade. Il répondit : « Des Zopyres. »

Ce Zopyre était un guerrier très attaché à Darius. Pendant que ce prince assiégeait Babylone, il se coupa le nez et les oreilles, et ainsi mutilé, il alla trouver les Babyloniens, à qui il fit croire que c’était Darius qui l’avait mis dans cet état. Ils y furent trompés au point de lui confier le commandement de leurs troupes, et, par ce moyen, il livra la ville à Darius. Ce prince disait souvent qu’il aimerait mieux avoir Zopyre avec tous ses membres, que 100 villes comme Babylone.

On rapporta au tyran Denys l’ancien que 2 jeunes gens avaient dit à table beaucoup de mal de lui et de son gouvernement. Il les invita à souper, et vit que l’un, une fois soûl disait mille folies, tandis que l’autre buvait peu et s’observait avec soin. Il fit grâce au premier, parce qu’il pensa qu’il était sujet à boire, et n’avait dit du mal de lui que dans l’ivresse. Mais il condamna l’autre à mort, persuadé qu’il était son ennemi et qu’il avait une volonté décidée de lui nuire.

On vendait à l’encan un grand nombre de prisonniers. Le roi Philippe (père d’Alexandre) assistait à cette vente assis nonchalamment, la robe retroussée de façon indécente. Un de ces prisonniers lui cria : « Philippe, faites-moi grâce ; ma famille est amie de la vôtre. » Le roi lui demanda comment et de quel côté s’était formée cette liaison. « Je vous le dirai tout bas à l’oreille, » répondit le prisonnier. Philippe l’ayant fait approcher, cet homme lui dit : « Baissez votre robe ; vous n’êtes pas assis décemment ». « Rendez la liberté à cet homme, dit Philippe ; il est vraiment de mes amis, et je ne le savais pas. »

Le roi Darius fit offrir à Alexandre, pour avoir la paix, 100.000 talents et la moitié de l’Asie, « Si j’étais Alexandre, j’accepterais ces offres », dit Parménion. « Et moi aussi, repartit ce prince, si j’étais Parménion. » Et il fit répondre à Darius que la terre ne pouvait souffrir 2 soleils, ni l’Asie 2 rois, & ainsi, rejeta son offre.

Brasidas, un général spartiate, fut mordu par une souris qu’il avait saisie en voulant prendre une figue dans un panier. Il la lâche aussitôt, et dit à ceux qui étaient présents : « Il n’est point d’animal si faible qui ne puisse sauver sa vie, s’il ose la défendre. »

Caïus Popilius Laenas fut chargé d’apporter à Antiochus IV une lettre du Sénat ordonnant à ce roi de retirer ses troupes d’Égypte et de ne pas usurper les États de Ptolémée, dont ses enfants devaient hériter. Dès qu’Antiochus l’aperçut de loin qui traversait le camp, il le salua d’un air d’amitié. Popilius, sans lui rendre le salut, lui présente la lettre du Sénat. Antiochus la lit &, pour gagner du temps, dit qu’il y penserait et qu’il rendrait réponse au Sénat. Popilius saisit un bâton, trace avec sa baguette un cercle autour d’Antiochus et lui dit : « Délibérez tout de suite, sans sortir de ce cercle, et répondez » – lui signiiant que s’il en sortait sans avoir déclaré qu’il n’attaquerait pas l’Egypte (alors sous protection romaine), Rome lui ferait la guerre.

Bien sûr, Antiochus promit sur-le-champ de faire ce que le Sénat exigeait. Ceci montre que l’empire romain était tellement craint à cette époque, qu’un ambassadeur eut ce pouvoir d’arrêter une guerre à lui tout seul. Alors seulement, Popilius salua le roi et l’embrassa.

Caïus César (Jules) fuyant dans sa jeunesse la proscription de Sylla, fut pris par des pirates, qui d’abord lui demandèrent une grande somme d’argent. César voyant qu’ils ne savaient pas quel prisonnier ils avaient entre les mains, se moqua d’eux et leur en promit le double. Renfermé sous bonne garde, jusqu’à ce qu’il eût amassé l’argent de sa rançon, il leur disait de se taire et de le laisser dormir tranquille. Il composait des discours et des pièces en vers qu’il leur lisait ; et comme ils n’avaient pas l’air de les apprécier, il les traitait de stupides, de barbares, et les menaçait en riant de les faire pendre.

Seulement, il ne plaisantait guère … Les pirates ignoraient à quelle âme de lion ils avaient affaire ! Lorsque l’argent fut arrivé et qu’on l’eut mis en liberté, il rassemble quelques troupes en Asie, les embarque, vient fondre sur ces pirates, les prend et les fait mettre en croix.

L’empereur Auguste, étant encore fort jeune, redemandait à Antoine les 100.000.000 de sesterces qu’il avait enlevés de la maison de Jules César après son assassinat. Il voulait, avec cet argent, acquitter le legs que le dictateur avait fait au peuple romain, de 75 drachmes par tête. Antoine refusa de les rendre, et lui dit qu’il ferait bien de ne plus insister là-dessus. Alors, Auguste vendit tout son patrimoine, distribua au peuple la somme que César lui avait léguée, et gagna l’affection de tous les citoyens, en même temps qu’il attira sur Antoine la haine publique.

Le philosophe Athénodore demanda à Auguste la permission de quitter la cour, à cause de son grand âge, et il l’obtint. En prenant congé, il lui dit : « César, lorsque vous serez en colère, ne dites et ne faites rien que vous n’ayez répété en vous-même les 24 lettres de l’alphabet ». « J’ai encore besoin de vous, » lui dit Auguste en lui prenant la main ; et il le retint encore une année.