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L’homme dans le puits

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Homme ds puit

Un jour, en Syrie, il y a bien longtemps, un homme fut surpris par un animal sauvage & il dut s’enfuir pour sauver sa vie.

D’effroi, il se jeta dans un puits à sec. A mi-hauteur de celui-ci, un buisson avait poussé entre les pierres. L’homme s’y cramponna. Il se sentit alors dans une situation terrible ; il ne pouvait sortir du puits, car il voyait à l’orifice la terrible tête de la bête sauvage, mais il ne pouvait pas non plus se laisser tomber au fond du puits, car il y avait là un dragon monstrueux qui l’attendait pour le dévorer. Suspendu ainsi, entre 2 périls, à ce fragile arbuste, le malheureux découvrit – comble d’infortune – que 2 souris, l’une blanche et l’autre noire, rongeaient tour à tour les racines du buisson, de sorte que ce dernier ne devait plus tenir longtemps.

L’homme se désespérait, comprenant qu’il n’y avait pour lui aucun salut possible, lorsqu’il aperçut une frêle branche qui semblait lui faire signe. C’était une ronce chargée de baies mûres. Alors, il en mangea … Elles étaient si délicieuses qu’il ne vit plus ni la bête sauvage, ni le dragon, et qu’il oublia le puits, le buisson fragile, et les 2 souris grignoteuses.

Que signifie cette allégorie ?

– l’homme, c’est chacun de nous ;

– la bête furieuse, ce sont nos problèmes & nos détresses, que nous devons traîner partout, qui nous poursuivent et auxquels nous nous efforçons d’échapper,

– le dragon au fond du puits, c’est la mort qui nous attend et nous épouvante,

– le buisson auquel l’homme se raccroche, c’est notre pauvre vie incertaine,

– la souris noire & la souris blanche qui rongent les racines du buisson, c’est la nuit & le jour qui se succèdent sans trêve, diminuant chaque fois un peu la force qui nous soutient,

– les mûres délicieuses, enfin, sont les plaisirs des sens, cette jouissance d’un moment qui nous fait oublier nos tristesses, la fragilité toujours plus certaine de nos jours & la mort au bout du chemin…